The Haunted Tower (La Tour hantée) (1789)


The Haunted Tower Stephen Storace 1789

Frontispice d’une des partitions imprimées, 
reprenant l’un des décors de la création.


Après l’incendie du King’s Theatre en juin 1789, Ann Selina (Nancy) Storace qui y tenait un emploi de Prima Buffa, est engagée la saison suivante au Theatre Royal, Drury-Lane où son frère Stephen Storace est déjà de facto compositeur en résidence (le vieux Thomas Linley en conserve néanmoins le titre). La jeune femme aborde donc un genre qui lui est totalement étranger. Elle s’est déjà produite dans sa langue maternelle mais l’oratorio est tout autre qu’une véritable pièce de théâtre, dont les longs dialogues alternent avec des airs et des ensembles... Il s’agit donc d’une nouvelle orientation de carrière, même si elle n’abandonnera pas pour autant l’opéra italien. Son frère lui concocte pour l’occasion un rôle qui met en valeur ses dons d’actrice (elle est capable de jouer et danser tout en chantant, ce qui est remarqué par la critique) et de chanteuse : elle ne sera pas dépaysée, car une partie des airs qu’elle chantera en anglais sont des adaptations de son répertoire italien.

Le 24 novembre 1789, Ann Storace fait ainsi ses débuts dans une mainpiece (composant la première partie de soirée, plusieurs œuvres s’enchaînant dans la programmation, tant théâtre parlé que chanté), The Haunted Tower (La Tour hantée), sur un livret de James Cobb (1756-1818). Ce dernier, employé à la East India Company, avait commencé sa collaboration avec Stephen Storace en 1788 avec une adaptation du Doktor und Apotheker (1786) de Ditters von Dittersdorf, The Doctor and the Apothecary. La majeure partie de sa carrière d’écrivain théâtral se fit d’ailleurs en collaboration avec le compositeur anglais.
 

Le livret

Voici le résumé de l’intrigue qu’en fait le Lady’s Magazine (décembre 1789) :

« Soupçonné de trahison, le baron d’Oakland a été banni par Guillaume le Conquérant. Par la suite, le roi, convaincu de son innocence, tâche de découvrir sa retraite ; en vain. Le baron trouve asile en France avec son fils, et meurt là-bas. Lord William, son fils, voyage jusqu’en Normandie où, sous le nom de Sir Palamede, il sert le puissant baron de Courcy ; il s’éprend de sa fille, Lady Elinor et en est aimé en retour. Le roi d’Angleterre, désireux de réparer les torts faits à la famille du baron d’Oakland, confère les titres et les biens de ce dernier à un membre éloigné de la famille, ancien laboureur, et pour le combler davantage de bienfaits, ordonne un mariage entre le fils du nouveau baron d’Oakland et Lady Elinor de Courcy.

Lord Edward, le fils du nouveau baron est épris d’Adela, une paysanne, qu’il s’arrange pour faire passer auprès de son père pour Lady Elinor de Courcy.

La véritable Lady Elinor arrive, et est persuadée par son amant [Sir Palamede qui se fait passer pour le bouffon de Lady Elinor] de se faire passer pour sa servante. Des scènes comiques s’enchaînent, causées par la rencontre entre la vraie et la fausse Lady Elinor. Pendant ce temps, le frère de Lady Elinor, le jeune seigneur de Courcy, jaloux du supposé Sir Palamede, qui a quitté la Normandie dans le même vaisseau que Lady Elinor, les suit en Angleterre. La revendication de Lord William sur la baronnie d’Oakland est acceptée par le roi, et il lève une armée de vassaux pour soutenir sa cause. A la recherche de l’armure de son père, il entre dans la tour, qui est supposée être hantée par les apparitions du vieux baron. Cette fable a été entretenue par les serviteurs, qui par ce stratagème, ont écarté la famille de ces chambres où ils font bombance le soir. Le baron en voyant l’un d’entre eux sortir à minuit de la cave où est conservé le vin, par en dessous de la pièce qu’on pense hantée, tout en laissant la porte ouverte, y entre, et s’y fait enfermer. Alors qu’il s’y trouve, entendant le bruit de la fête des serviteurs qui sont retournés là via les caves, et qui mangent et boivent dans l’appartement juste au-dessus, il monte au moyen d’une trappe ; ayant entendu l’un d’entre eux déclarer qu’il a fait circuler ce récit pour pouvoir s’assurer de garder la place pour eux, [le baron] les gronde pour leur polissonnerie, les menace bruyamment, quand il est alarmé par l’écho du catch qu’ils viennent juste de finir de chanter, résonner à travers les voûtes de la tour. Sa peur s’accroit considérablement par le son d’une cloche et par la vision d’une silhouette revêtue de l’armure (qu’il reconnait comme celle autrefois portée par le défunt Lord William), et il traverse les appartements et s’enfuit. [Le « fantôme » est en fait Sir Palamede/Lord William revêtu de l’armure de son père.] Le son de la cloche était le signal de l’attaque du château par Lord William et ses vassaux. Le château tombe facilement dans les mains des troupes de Lors William, assisté par le jeune baron de Courcy, qui découvre que Sir Palamede est l’homme que le roi souhaite pour époux à Lady Elinor, et l’opéra se conclut par le double mariage de Lord William et Lady Elinor, et Edward et Adela. »


Bien que comportant quelques raccourcis, ce résumé de l’action en donne les principaux points. Il est intéressant de noter que seule l’intrigue principale a fait l’objet de la considération du chroniqueur : le couple secondaire (Adela-Edward) n’est mentionné qu’en passant, alors qu’une bonne partie du comique des situations repose sur la position en porte-à faux des deux jeunes gens…

Si les critiques anglais jugèrent d’un assez mauvais œil le texte du livret, c’est qu’ils se fondaient sur des critères purement dramatiques et littéraires qui ne prenaient pas en compte l’un de ses principaux apports : en dépit d’une intrigue parfois embrouillée et de l’artificialité du ressort « surnaturel » de la péripétie finale, ce texte présente une typologie de rôles suffisamment diversifiée pour assurer la variété des situations et des quiproquos. Un sujet français, alors que la situation politique française agitait le pays, était un attrait supplémentaire… La réconciliation franco-anglaise (par le biais des épousailles finales) était loin d’être acquise dans la réalité : le pays commençait à se déchirer entre tenants et opposants de la Révolution. S’il est difficile de savoir quels étaient les opinions politiques de Stephen Storace (il mit par la suite en musique les tourments de Marie-Antoinette et semble avoir été royaliste), le propriétaire de Drury-Lane n’était autre de Richard-Brinsley Sheridan (1751–1816), membre du Parlement et dramaturge, ami de Charles Fox et du Prince Régent… et donc fermement pro-Révolutionaire.

Le livret s’inscrit dans la vogue du mouvement « Gothique » (qui balaya l’Angleterre à la suite de la parution de The Castle of Otranto d’Horace Walpole en 1764), bien que le fantôme de la tour reste bien extérieur à l’intrigue (il s’agit en fait du bruit suscité par les domestiques qui souhaitent vider en paix la réserve de vin du Baron et le « spectre » n’est autre qu’une supercherie de l’héritier légitime et spolié). Se déroulant au temps de Guillaume le Conquérant et jouant avec tous les codes du genre, l’intrigue conserve une partie des attendus du roman gothique et en joue ironiquement.

L’ordre établi est évidemment restauré à la fin de la pièce : le véritable héritier de la baronnie d’Oakland retrouve son titre et ses terres, et les paysans retournent dans la sphère qui est la leur. Cependant l’ironie de Sir William/Sir Palamede quand il moque le « baron » usurpateur (il a suffisamment d’argent pour payer des flatteurs) moque indirectement sa propre classe sociale, et les textes des airs soulignent la « liberté » des classes inférieures et le bonheur ressenti à s’y cantonner. Ainsi le malaise d’Adela et d’Edward à devoir jouer de grands personnages, rôles pour lesquels ils sont impropres et semblent ne pas avoir de désir, souligne la simplicité heureuse de la paysannerie, opposée à la sophistication de l’aristocratie. Le parvenu, dont la hauteur boursoufflée et le ridicule sont sources de comique, attire presque toutes les saillies contre la noblesse ; les vrais nobles, eux, sont montrés comme héroïques et courtois.

« Ces topoï reviennent souvent dans les pièces comiques de l’époque (malgré une propension à moquer les particularismes régionaux et le plouc-isme des bouseux. Si l’origine de la pièce a bien une parenté avec une pièce du Marquis de Sade, cette thématique est d’autant plus frappante.


Michael Kelly tenor

« Mr Kelly as Cymon
 "Cymon", acte III, sc. I / De Wilde pinxit ; Leney sculpsit »


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The Haunted Tower, un dérivé de la Tour enchantée de Sade ?


Frederick Burwick voit en The Haunted Tower une adaptation d’une pièce perdue de Sade, jamais représentée. Il affirme que durant un voyage à Paris en 1788, Michael Kelly ramena dans ses bagages cette pièce inédite qui fut alors adaptée pour la scène anglaise. Ce procédé n’a rien qui doive étonner : les adaptations anglaises de pièces, opéras ou opéras comiques français sont légions ; Kelly et Storace puisèrent abondamment dans ce répertoire dramatique. Malgré la Révolution française, les théâtres londoniens continuèrent de puiser dans ce vivier dramatique.

En 1788, Sade proposa à différents théâtres La tour enchantée, un opéra-comique, qui apparaît dans son catalogue raisonné. Le manuscrit en est perdu, et l’on ne connait que la version tardive qu’il retravailla en 1810 pour Charenton. Le texte originel faisait partie d’une série de six pièces intitulée L’Union des arts. Framery, qui servait d’intermédiaire à Sade, l’informa en février 1791 que ses pièces avaient trouvé preneur. Le manuscrit de La Tour enchantée trouva-t-il par cette voie, un chemin jusqu’en Angleterre ? Les manuscrits rapportés par Kelly et Storace avaient tous trouvés le chemin des théâtres et le parcours de ce manuscrit demeure bien mystérieux…

La version subsistante de 1810 est la suivante : Le vieux baron a une fille, Juliette, qu’il veut marier à un homme riche, le collecteur d’impôt Grouffignac. Il refuse donc le prétendant de Juliette, Lorville, dont elle est éprise. Elle va néanmoins promouvoir Lorville et ridiculiser Grouffignac, en aidant le premier à « exorciser » le fantôme de la tour qui terrorise son père : ce dernier a promis la main de sa fille à qui l’aidera à se débarrasser du fantôme…

Si certains points de contact existent encore entre les deux textes, l’intrigue de Sade en est néanmoins assez éloignée : les personnages types de l’amant de cœur éconduit, de la fille débrouillarde et du parvenu enrichi sont des figures récurrentes dans les opéras-comiques de la période.

Mrs Anna Maria Crouch soprano

Mrs Crouch. (vers 1790)
Gravure de William Ridley, d’après Sir Thomas Lawrence.



La musique


The Haunted Tower est typique des mainpieces anglaises du temps : l’action prend place durant les dialogues parlés et les morceaux musicaux forment plus une accumulation de petites scènes très diversifiées ; il n’y a aucune réelle unité musicale, ce qui est évidemment accentué par la pratique du pasticcio, totalement acceptée et admise à l’époque. On juge d’ailleurs le compositeur-compilateur autant par sa musique originale que par la manière judicieuse dont il a assemblé et choisi les morceaux réorchestrés et adaptés à un nouveau contexte et texte.

Les numéros musicaux sont ainsi assez courts, souvent strophiques et trouvent une illustration scénique : la psychologie y prend peu de part. Dans leurs créations ultérieures, Storace et Cobb intégreront davantage la musique à l’action : elle est ici purement descriptive, donnant une atmosphère d’insistance « anglicité » à cette histoire qui voit débarquer des Français sur le sol anglais.

Il faut d’ailleurs remarquer que les deux seuls ensembles (composés par Storace) qui approfondissent quelque peu les personnages impliquent le personnage d’Adela, joué par Ann. L’ensemble, « By mutual love delighted », se déroule durant le mariage d’Edward et « Lady Elinor » (Adela) qui doit conserver sa fausse identité en face de tous (et chante en aparté). De même, cette dichotomie entre fausse et vraie identité est mise en avant dans le duo « Be gone I discharge you… » (III), où Adela (déguisée en Lady Elinor) et Lady Elinor (sous l’habit de servante) s’affrontent enfin, alors qu’Adela essaye de renvoyer la fausse domestique et ne parvient pas à conserver l’attitude d’une « grande dame »...

La partition ne nous est parvenue que sous une forme réduite, car la partition originale complète conservée dans le théâtre a brûlé avec Drury-Lane en février 1809… L’ouvrage fut cependant donné jusque dans le milieu du XIXe siècle en Angleterre, mais ces partitions d’orchestre (sans doute modifiées, car les insertions et modifications étaient courantes…) n’ont pas été retrouvées. Il faut donc se fonder sur les partitions réduites imprimées, dont certaines furent supervisées par Stephen Storace. Si certaines mentions d’instrumentation sont indiquées, elles néanmoins très succinctes.

Il était bien précisé que Storace avait compilé et adapté les airs entendus lors de la soirée. Voici la liste des adaptations (et certaines attributions musicales, d’après Jane Girdham) :

Ouverture (seconde partie)
Tho’ pity I cannot deny (Lady Elinor)
Pleyel (quatuor)
Nature to woman still so kind (Cicely)
Air gallois. (sans doute un air de Giordani)
Wither my love (Adela)
Paisiello, La Molinara (« La rachelina molinara »)
Hush, hush, such counsel... (Lady Elinor)
Sarti (non identifié)
Tho’ time has from your Lordship’s face (Lord William)
Air français. (Champein, Les Dettes (1787)
What blest hours untainted (Cicely)
Linley (The Carnival of Venice (1781))
Now all in preparation (Edward)
Air français.
Now mighty roast beef (Robert)
Leveridge, « The Roast Beef of Old England »)
Love from the heart (Adela)
Martin y Soler (L’arbore di Diana, « Sereno ragio »)
Dangers unknown impending (Duet, Lord William and Lady Elinor)
Sarti (non identifié)
Dread parent of despair (Lady Elinor)
Sarti (non identifié)
As now we’ve met (Robert, Lewis and Martin)
Purcell (Catch « I gave her cakes »)
The banish’d ills of heretofore (Finale)
Storace, d’après son « Vive les fillettes »



 
Nancy Storace Adela in The Haunted Tower

Nancy Storace en Adela
Caricature de John Nixon (1790) signée par la cantatrice.
Conservé au Garrick Club.


 

La distribution de la création


Les principaux chanteurs étaient Mrs. Crouch, née Anna Maria Philips (1763-1805), soprano colorature et actrice anglaise, formée par Thomas Linley, devenue la compagne de Michael Kelly vers 1787. Séparée officiellement de son mari en 1791, leur couple est durable tant à la ville qu’à la scène ; elle chante généralement les jeunes premières face aux héros incarnés par Michael Kelly (1762-1826), ténor irlandais ami des Storace. (Il fut engagé à Vienne en même temps qu’Ann Storace et passa à la postérité pour avoir créé Basilio/Don Curzio dans Le Nozze di Figaro.) 

Face à ce couple « sérieux », Ann incarnera le plus souvent les servantes accortes et débrouillardes, appariée à la scène avec John (« Jack ») Bannister Junior (1760–1836), acteur et chanteur comique de grand renom : sans être un interprète virtuose, il pouvait pousser la chansonnette si cette dernière n’était pas trop exigeante.

Ces partenariats scéniques se poursuivirent avec presque tous les opéras de Stephen Storace, et l’on y retrouve presque systématiquement ces stéréotypes : le couple de serviteurs qui fait avancer l’action, le couple de héros auquel revient les moments élégiaques.

Pour ses débuts à Drury-Lane, la « Signora Storace » fut indiquée en tête de distribution sur les playbills… honneur inhabituel, car on listait d’habitude les hommes, puis les femmes, par ordre de préséance dramatique. Sur le livret, les créateurs de l’opéra sont donc notés ainsi :
« Lord William, Mr. Kelly.
Baron of Oakland, Mr. Baddely.
Hugo, Mr. Moody.
Lewis, Mr. Suett.
De Courcy, Mr. Whitfield.
Robert, Mr. Dignum:
Martin, Mr. Williames.
Charles, Mr. Sedgwick.
Hubert, Mr. Webb.
Servant, Mr. Lyons.
And Edward, Mr. Bannister, jun.
Lady Elinor, Mrs. Crouch.
Cicely, Miss Romanzini.
Maud, Mrs. Booth.
And Adela, Signora Storace. »

La plupart des interprètes n’étaient d’ailleurs pas des chanteurs professionnels, mais des acteurs, ce qui explique la relative simplicité de certaines lignes de chant.


Réception critique et postérité de l’ouvrage


De cette réception flatteuse, Michael Kelly note dans ses Mémoires :
« Le succès de cet opéra ne fut jamais surpassé ; il resta un favori du public durant de nombreuses années : pour la première saison, on le joua cinquante soirs. L’intrigue secondaire provenait d’un intermezzo italien ; la scène entière où le baron d’Oakland lit une lettre en était tirée. Storace fut très bien reçue en Adela tant comme chanteuse que comme actrice. Bannister et Baddeley étaient excellent dans leurs rôles comiques; Mrs Crouch, en Lady Elinor était dans toute la floraison de sa beauté et dans la plénitude de sa voix. On m’avait attribué deux beaux airs. “From Hope’s Fond dream” et “Spirit of my Sainted Sire”, l’un des airs les plus difficiles jamais composé pour voix de ténor. En réalité, toute la musique était magnifique ; je n’oublierai jamais l’admiration du public pour le sextuor “By mutual love delighted” ; en fait, rien ne peut excéder sa composition ni son exécution : les deux étaient parfaits. » (Reminiscences…, pp. 323-324)

Les décors de Greenwood (dont un frontispice gravé donne une idée), l’ouverture spectaculaire de l’opéra qui culmine avec une scène de naufrage, et la variété des scènes déchainèrent l’enthousiasme du public. La musique fut également très appréciée, tant du public (ce dont témoignent nombre d’éditions d’airs séparés dans une version clavier-chant) que des professionnels. Storace et Cobb avaient gagné leur pari.

L’opéra fut abondamment repris à Drury-Lane jusqu’à la fin du siècle, et régulièrement redonnée par la suite, dans une alternance panachant nouveaux spectacles et reprises.

Saison 1789-1790 : 56 représentations (pour 192 soirées)
Saison 1790-1791 : 31 représentations (pour 189 soirées)
Saison 1791-1792 : 7 représentations (pour 200 soirées) [Storace est gravement malade durant cette saison et elle n’a pas été remplacée dans le rôle.]
Saison 1792-1793 : 8 représentations (pour 191 soirées)
Saison 1793-1794 : aucune représentation (pour 65 soirées) [Le théâtre est en reconstruction, mais une partie de la troupe est engagée au Little Theatre in the Haymarket où The Haunted Tower est représenté 9 fois.]
Saison 1794-1795 : une représentation (pour 192 soirées)
Saison 1796-1797 : une représentation (pour 200 soirées)
Saison 1797-1798 : 4 représentations (pour 200 soirées)
Saison 1799-1800 : 4 représentations (pour 200 soirées)

Si la fréquence des représentations diminue, The Haunted Tower continuera à faire partie du fond de répertoire régulièrement donné. Encore en 1831, le comic opera sera choisi pour les débuts de chanteuses dans la troupe.

Lors de ces reprises l’intégralité de l’ouvrage n’est évidemment pas respectée : les chanteurs et acteurs insèrent (ou substituent) des airs plus à leurs goûts ou qui flattent mieux leurs gosiers.

On verra ainsi apparaître dans les années 1800, pour le rôle de Lady Elinor, un « nouvel  air de bravoure de Mr. Woelfel » ou un air de Shield, « The Death of Sally Roy » ! Le rôle d’Edward se verra également augmenté d’un air tiré de « Lock and Key ». Lord William, désormais endossé par le ténor John Braham (1777-1856), compagnon en titre de la Signora Storace, chante, selon les périodes, soit un air de Stephen Storace, « From Shades of Night », un air de Haendel, « Oft on a plot of rising ground », ou encore le populaire « Sally in our alley », « No more by sorrow » (Braham, The Cabinet), « Tho’ pleasure Swells » (S. Storace, Mahmoud), ou encore une « nouvelle cavatine composée par Winter » ou un air de salon, « The Thorn » (de Shield). Quant à la Signora Storace, elle ne sera pas en reste et introduit dans son rôle d’Adela « Little Jane of the Mead ») (tiré de Family Quarrels), « The Carpet Weaver » (S. Storace, Mahmoud) et autres airs tirés des opéras de son frère ou de son compagnon…

On se demande parfois, à lire les annonces publiées, ce qu’il restait de l’œuvre d’origine, si ce n’est les grands ensembles... les duos pouvant également faire l’objet de substitutions variées ! C’est que le goût du public évolue et que ces inserts en disent beaucoup sur les sollicitations du public (les airs sont souvent introduits « à la demande du public ») et sur les desiderata des interprètes : la notion d’authenticité est bien loin d’avoir droit de cité… Mais cela témoigne de la popularité continue d’un ouvrage divertissant et qui eut l’heur de plaire à plusieurs générations d’amateurs.


Miss Byrne (Adela) en 1818
 


Mr. T. Cooke (Lord William) en 1813.

Mr. T. Cooke (Lord William) en 1813.

A écouter

On peut écouter en ligne des extraits de The Haunted Tower, interprété en 2006 par :
Erik Finck, Greg Cragg, Charles Maas, Brian Hayden, Danny Cowan, A.J. Rodriguez, Robby Nadler, Amy Cox, Debbie Fry, Kristin Crawford, Schuyler Hudak, Lauren Cheak, Melanie Wong, Tammy Wong, Sean Berquist, Yvette Holzwarth, Natalie Walker, Kelsey Ramos (chanteurs)
Jong-Ling Wu, Marjorie Burns, claviers; Stephanie Cash, clarinette; Jong-Ling Wu, flûte; Audrey Van Norman, violoncelle ; Trevor Pratt, violon.


Sources (consultables en ligne)

- La partition imprimée : London: Longman & Broderip, 1789 ou encore celle-ci.
- Songs, Duets, Trios and Chorusses, of The Haunted Tower, a Comic Opera in Three Acts, as performed in the Theatre-Royal, Drury-Lane. London: J Jarvis, 1790. (PDF)
- Le livret londonien de 1819.
- Une autre version, le livret représenté à Philadelphie en 1828.
- On trouvera des details sur la recréation américaine dirigée par Frederic Burwick : "Teaching Romantic Drama: Production and Performance of The Haunted Tower" (Frederick Burwick, Professor Emeritus, University of California Los Angeles)


Bibliographie

BURWICK, Frederick, Romantic Drama. Acting and reacting. Cambridge: Cambridge University Press, 2009.
GIRDHAM, Jane Catherine, Stephen Storace and the English opera tradition of the late eighteenth century. (January 1, 1988). (Thèse de Doctorat.)
GIRDHAM, Jane, English Opera in Late-Eighteenth Century London: Stephen Storace at Drury Lane. Oxford: Clarendon Press, 1997
HOGAN, Charles Beecher, The London Stage, 1660-1800, A Calendar of Plays, entertainments & afterpieces… Part 5 : 1776-1800. Carbondale : Southern Illinois University Press, 1968.
KELLY, Michael, Reminiscences… Vol. I. London: Henry Colburn, 1826.)

Iconographie : Collections de la Bibliothèque nationale de France, du Garrick Club et du Victoria and Albert Museum, Londres.




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