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Affichage des articles du octobre, 2016

‘The Cave of Trophonius’ de Stephen Storace, ou la grotte de l’oubli (1791)

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  « Interior of the Oracle of Trophonius in Livadeia » 1816 ( source ) Les compositeurs d’opéra anglais n’avaient aucune hésitation à emprunter de la musique pour l’intégrer dans leurs œuvres, procédé commun et tout à fait acceptable pour leurs compatriotes, même si cette attitude pouvait être considérée comme du vol par leurs contemporains continentaux. » Le Révérend John Trussler , oncle de Stephen et Nancy Storace, considérait que « […] un auteur ne doit pas être plus censure pour avoir embelli son œuvre avec des textes intéressants qu’il a rencontré au cours de ses lectures, qu’un voyageur qui orne sa maison avec des tableaux qu’il a recueillis durant son Grand Tour. » ( Memoirs , 1806) Il est peu étonnant que le frère de Nancy, le compositeur Stephen Storace , mandaté par Gallini, le directeur du King’s Theatre et par Sheridan et Linley pour le Drury Lane Theatre, pour rapporter des partitions et conclure des engagements en leur noms lors de ses

La Grotta di Trofonio de Salieri, histoire et métamorphoses d'un opéra (1785)

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  Le contexte théâtral : le Burgtheater On connaît assez mal les circonstances de la commande, puis de l’élaboration de la Grotta di Trofonio . Sa distribution d’origine ne nous est d’ailleurs révélée que par des sources indirectes, comme le journal de Zizendorf, la presse viennoise se faisant assez peu l’écho des représentations théâtrales, contrairement à la presse anglaise ou française de la période. Les informations sur la création sont donc assez lacunaires et doivent se lire en filigrane dans les archives privées et mémoires du temps. On a souvent avancé que la création de l’œuvre avait été un des points importants de discorde entre Mozart et Salieri, mais un simple examen de la chronologie permet de réfuter cette légende. Si Michael Kelly, souvent fâché avec le calendrier pour ses souvenirs continentaux, affirme que : « Trois opéras étaient alors prévus, un par Righini [ Il Demogorgone ], l’autre par Salieri ( La Grotte de T. ) et le dernier, par Mozart,

John “Jack” Bannister (1760-1836), un Nancy Storace en pantalons

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  Pastel de John Russell (1799) (source : National Portrait Gallery, Londres) « Jack » Bannister, pour utiliser son surnom, fut un collègue régulier de Nancy Storace au théâtre de Drury Lane, formant avec elle un couple de serviteurs ou de personnages comiques très appréciés du public. Les qualités de Nancy et « Jack » furent même si similaires, que le biographe de l’acteur, John Adolphus, les compara ainsi, lorsqu’ils apparurent tous deux en 1789, dans The Haunted Tower de Stephen Storace  : «  En Adela, Storace était Bannister en jupons. La même naïveté , le même franc-parler, la même apparence d’honnêteté et de chaleur affectueuse, les distinguaient tous deux. » Bien qu’acteur et non chanteur de formation, ce baryton avait certaines facilités. Il pouvait sans difficulté alterner ses rôles théâtraux et ses apparitions dans les ballad operas programmés à l’époque. Il aurait eu une « voix pleine, ronde, claire, virile et intelligible ». Biographie

Nancy Storace et les jardins de Marylebone

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La petite Nancy s’est promenée en famille dans ces jardins proches de la résidence familiale de son enfance. Sa mère, Elizabeth Trusler, était la fille d’un des propriétaires et son père, le musicien Stefano Storace, y était employé dans les années 1770. Le grand-père maternel de Nancy Storace, John Trusler senior ( ?-1766), fut propriétaire des jardins d’agréments ( Pleasure Gardens ) de Marylebone, entre 1746 et 1763. Les parcs et jardins de Londres avaient été ouverts au public dès le règne des Stuart. A la fin du XVIIe siècle, on vit apparaître des jardins publics d'agrément où contre un droit d'entrée, les visiteurs pouvaient avoir accès à un service de restauration en plein air, des concerts et toute sorte de divertissements. Les lieux les plus réputés et attirant une société choisie étaient le Ranelagh et Vauxhall. Marylebone, plus excentré, fut fréquenté principalement par la gentry , mais tira bien son épingle du jeu. Le jardin fut connu pour avoir fé

Vicente Martín y Soler – Il Burbero di buon cuore (1786)

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Sur la création du Burbero di buon cuore … Il burbero di buon cuore est la première œuvre commune de Vicente Martín y Soler et de Lorenzo Da Ponte, et aurait été, selon les dires de ce dernier, une suggestion de l’Empereur Joseph II qui surveillait de près les productions données au Burgtheater, le théâtre impérial de Vienne. Ce dernier l’aurait ainsi incité à composer un opéra pour Vicente Martín y Soler , protégé par l’épouse de l’ambassadeur d’Espagne à Vienne, Isabel M. de Llano, favorite de Joseph II. Si Da Ponte était poète du Burgtheater depuis 1781, il avait attendu 1784 pour y faire représenter son premier livret, Il Rico d’un giorno , sur une musique de Salieri. Ce fut un échec, comme il le relate dans ses Mémoires . Son rival, l’Abbé Casti critiqua l’intrigue mais admit que Da Ponte ne manquait pas d’habilité poétique. Même si le texte doit être accepté avec quelque recul, l’Italien se mettant toujours en avant et dissimulant au maximum ses erreurs, on

Nancy Storace dans “Le Messie” de Haendel (Oxford, 1805)

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Comme l’annonçait la presse en avril, La Signora STORACE, Mr. BRAHAM, Mr CRAMER, Mr GRIESBATH, les LEANDER, et d’autres éminents interprètes sont déjà engagés pour le festival de musique au théâtre d’Oxford qui se tiendra les 25, 26 et 27 juin prochain – l’orchestre sera formé de plus de cent instrumentistes. En juin, la presse renchérit avec une annonce plus détaillée : THEATRE, OXFORD GRAND FESTIVAL DE MUSIQUE Mardi 25 juin 1805, l’Oratorio Sacré du Messie . Mercredi 26 et Jeudi 27, deux grands concerts variés . Principaux chanteurs, Signora Storace, Mrs. Ashe, Madame Bianchi, Mr. Braham, Mr Knyvett, and Mr. Welsh. Mr. Bartleman ayant un engagement antérieur pour les deux premières soirées, est engagé pour le 27. Direction de l’orchestre, Mr. Cramer. – Violons, Messrs. Moralt, Marshall, Manon, Slezach, Holmes, Evans, Hardy, Jung, Sykes, &c. Altos, Messrs. K Marshall, Woodcock Fester, &c. Violoncelles, Messrs. Reinagle, Haldo

Francesco Benucci (v. 1745-1824), le premier Figaro de Mozart

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Eau-forte de Friedrich John (1769-1843) d'après Delffacister Ce baryton basse italien est passé à la postérité pour avoir créé Figaro ( Le Nozze di Figaro ), le 1er mai 1786, ainsi que Guglielmo ( Cosi fan Tutte ). Le 26 janvier 1790 ; il reprit le rôle de Leporello dans la production viennoise de Don Giovanni (7 mai 1788) pour laquelle Mozart rajouta le duo Per queste tue manine (K 540c). Le compositeur de Salzbourg pensa également à lui pour le rôle de Bocconio dans Lo Sposo Deluso , opéra resté inachevé, écrit vers 1783-1784. Ce chanteur, quelquefois appelé à tort « Pietro » dans certains ouvrages, aurait étudié le chant à Pistoia et commença sa carrière comme basso buffo ; cet emploi se caractérisait plus particulièrement dans l‘opéra comique italien du temps (dit opera buffa ou encore dramma giocoso ) par des rôles de barbons amoureux, tuteurs bernés, valets balourds ou finassiers, pères abusés ou amoureux éconduits. Ses premiers emplois se caractéris