1786 : "Prima la musica, poi le parole" de Salieri, satire viennoise de "Giulio Sabino" de Sarti
Partition imprimée (par Artaria ?) à Vienne en 1782.
(II, scène 10)
Source : Gallica / BNF (coll. Conservatoire)
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Si aujourd'hui nous ne connaissons
souvent de Giuseppe Sarti que l'allusion à l'air de son opéra Fra i due
litiganti, « Come un agnello », que Mozart a cité lors du
banquet final de Don Giovanni, l'œuvre de ce compositeur ne se résume
pas à ce seul grand succès buffa, repris dans toute l'Europe sous des
appellations diverses. Outre ses très nombreuses ouvrages scéniques et ses
talents réputés de pédagogue, il est aussi l'auteur d'un opera seria qui
eut un retentissement énorme, Giulio Sabino. Souvent représenté
plusieurs fois la même année, à peu de semaines de distances, cet opéra fut
aussi le sujet de modifications diverses, au gré de ses reprises, témoignage de
sa longévité sur les scènes.
Giulio
Sabino est créé en janvier 1781 sur la scène de Teatro San Benedetto à Venise
pour le Carnaval.
Ce Giulio
Sabino, de facture ouvertement métastasienne, a été l'un des opéras favoris
de deux des plus grands castrats de la fin du XVIIIe siècle, Gasparo
Pachierotti et Luigi Marchesi. Il leur
doit sans doute sa fortune et sa permanence exceptionnelle, à une époque où la
notion de répertoire n'existait pas encore.
La
popularité de l'œuvre est attestée par la multiplication de partitions
manuscrites, une édition de la partition complète imprimée luxueusement à
Vienne par Artaria dès 1782, une traduction allemande du livret publiée à
Nuremberg en 1791 (apparemment pour ses mérites littéraires, car cette édition
ne semble pas liée à une série spécifique de représentations), et la parodie de
Casti, représentée à Vienne en 1786.
Le livret
L'anecdote
historique qui fonde le livret est
un épisode de la révolte de Civilis et de Sabinus en 69-70 après JC (La "Grotte de Sabinus" se visite toujours.)
Au premier acte, Giulio Sabino a quitté
son château de Langres incendié pour faire croire à sa mort. Il rencontre son
ami Arminio, qui le presse de retourner à sa cachette, car le secteur est
entouré de troupes romaines. Il l'informe aussi que Tito est tombé amoureux de
son épouse Epponina (qu'il croit veuve). Annio, le préfet romain, amoureux
secrètement d'Epponina, fait croire à Tito que son père Vespasien veut emmener
Epponina à Rome comme prisonnière. Tito est partagé entre son amour et son
devoir. Voadice, sœur de Sabino et servante de Tito, défend sa belle-sœur.
Sabino, jaloux de Tito, querelle son épouse. Ils sont surpris par Tito. Sabino
se présente comme un ancien ami de Sabino, Orgonte, et offre ses services à
Tito. (« Là, tu vedrai chi sono ») Tito, cependant, cède aux
supplications d'Epponina et lui permet de fuir. Annio informe Tito que la
rumeur prétend que Sabino est encore en vie. Epponina court prévenir Sabino de
la nouvelle.
Acte Second. Arminio et
Voadice renouvellent leurs serments. Arminio prévient Sabino/Orgonte que ses
partisans se tiennent prêts à l'aider. Annio surprend Epponina et Sabino, et
menace Epponina de tout révéler si elle ne se tient pas tranquille. A Tito, il
annonce qu'Orgonte allait enlever Epponina. Tito fait emprisonner Sabino. Alors
que les romains l'emmènent au camp romain, il est délivré par les troupes
d'Arminio. Sabino se cache dans les ruines de son château, rejoint par Epponina
et leurs enfants. Ils sont découverts par Annio et Tito. L'identité de Sabino
est ainsi découverte. Voadice et Epponina tentent de fléchir Tito, lorsqu'on
annonce que Sabino a été tué en tentant de s'enfuir. La nouvelle est fausse et
on amène bientôt Sabino enchaîné devant Tito. Soutenu par son épouse, Sabino
réaffirme sa volonté de ne pas fléchir devant les romains : ils sont tous deux
condamnés à mort.
Acte Troisième. Epponina est conduite devant Tito, qui lui propose de la sauver si elle
consent à devenir son épouse. Elle refuse et renouvelle ses vœux de fidélité.
Tito décide de la punir de sa constance en lui faisant assister au supplice de
son mari avant sa propre exécution. Sabino est conduit à la mort, il revoit sa femme
et lui dit adieu.
Cependant,
fléchi par la constance des deux condamnés, Tito leur accorde la vie sauve et
leur rend leurs enfants. Avec cette clémence vient également l'hommage
volontaire de Sabino, qui se soumet à l'autorité romaine.
La reprise viennoises de 1785 avec Luigi Marchesi
Luigi Marchesi et Catarina Cavalieri dans Giulio Sabino
au Kärntnertortheater en août
1785.
Photographie (c) DR
En 1785, le célèbre castrat Luigi Marchesi, en route pour
Saint-Petersbourg en compagnie de Sarti, s'arrêta à Vienne et donna six
représentations du Giulio Sabino monté tout spécialement à son
intention.
L'occasion était exceptionnelle, car
on sait que Joseph II, qui surveillait de très près la programmation du
Burgtheater, avait banni de Vienne et l'opera seria, et le ballet, au
grand déplaisir de la noblesse qui appréciait ces loisirs aristocratiques, au
profit de l'opera buffa et du théâtre national.
La production fut établie avec
précision par Joseph II dans sa correspondance avec le comte Orsini-Rosenberg,
chargé du théâtre impérial du Burgteater. (principalement dans une lettre datée
du 23 juillet 1785.)
Les représentations comptèrent parmi
les nouveautés de la saison et demandèrent un financement exceptionnel, mais
furent fort rentables. (On trouvera les détails financiers de l'opération dans l'ouvrage
de Dorothea Link indiqué en bibliographie.)
Marchesi interprétait évidemment
Giulio Sabino, Epponina était chantée par Catarina
Cavalieri (la première Konstanze de l'Enlèvement au Sérail), et Tito
par Valentin Adamberger (le premier
Belmonte.)
La version donnée fut en fait un pasticcio
tant les insertions furent nombreuses. Outre les airs d'insertions de Salieri
-qui dirigea les représentations-, on note, par exemple, l'insertion d'un rondo
de Tarchi, « Cari oggetti del mio core » au lieu de l'air
original « Cari figli, un altro amplesso ».
Le comte Karl von Zinzendorf, dont
les journaux sont si précieux en ce qui concerne l'opéra à Vienne, relate
que le « 4. Aout [1785] » :
A 6h 1/2 au Theatre de la Cour pres de la porte de
Carinthie. La Salle reparée ornée a neuf fesoit un bel effet, les appuis
couverts de toile rose, les franges en dehors taffetas rose et faux or. L'opera
serieux Giulio Sabino, trait d'histoire du regne de Vespasien un peu alteré.
Marchesini premier Soprano del'Italie enchanta tous l'auditoire par sa belle
voix, douce, sonore, harmonieuse et touchante. dans le duo la Cavalieri
etouffoit la voix de March. par ses cris. March. a un visage de femme, des
gestes de femme, que la Storace, son ecoliére a tres bien imité, une voix au
dela de celle d'une femme, des sons flutés etonnans. La scene de la prison du
second acte fut rendu par lui d'une maniére attendrissante. La decoration de
fête qui y [recede ?] brusquement dans le
troisiême acte, fait un coup de theatre. Il y fesoit tres chaud.
6.Aout : Le soir au Spectacle. Giulio Sabino. Il alla
mieux que l'autre fois, Marchesi avoit moins peur, il s'est fait couper a 16.
ans, et la Cavalieri cria moins. Le Prince de Kaunitz y vint.
Les allusions à Nancy Storace qu’on
trouve dans le compte-rendu de Zinzendorf s'expliquent aisément. Au moins un
air tiré de Giulio Sabino avait été chanté à Vienne chez Sir Robert
Murray Keith -l'ambassadeur anglais à Vienne-, le 1er juillet 1783, lors d'un
concert privé, donné pour présenter la Storace nouvellement arrivée à la
noblesse amatrice d'opéra.
Elle interpréta un air de l'opéra,
accompagnée par Francesco Benucci au clavecin. Si on ne sait exactement quel
air fut donné, il s'agit très certainement d'un air du rôle-titre. Nancy
Storace était connue pour ses talents d'imitatrice, et elle avait déjà défrayé
la chronique en Italie par sa duplication de certains ornements du chant de
Luigi Marchesi.... et son renvoi (d'après Michael Kelly) à la suite de cet
insolent exploit !
« Là, tu vedrai chi sono »,
souvent chanté par N. Storace
et parodié dans Prima la musica
de Salieri
(Interprété par Sonia Prina)
La parodie de Salieri, Prima la musica, poi le parole (1786), avec Nancy Storace
Ces représentations, qui marquèrent
les esprits, firent l'objet d'allusions lors d'une soirée organisée par Joseph
II qui mit en compétition Salieri/Casti et Mozart/Stephanie le jeune, à
l'occasion de la visite de sa sœur et de son beau-frère. Les deux œuvres furent
données à l'Orangerie du château de Schönbrunn, le 7 février 1786.
Comme le relate le Wiener Zeitung
du 8 février 1786 :
Sa Majesté l'Empereur donna mardi une fête à Son
Altesse le Gouverneur Général des Pays-Bas et à plusieurs personnages de la noblesse
autrichienne. A ces réjouissances furent conviés quarante cavaliers ainsi que
le prince Poniatowski dont il a été question plus haut. Après avoir choisis
eux-même leurs dames, ils se firent conduire en couples, en calèches ou en
voitures fermées, avec Sa Majesté l'archiduchesse Marie Christine elle-même,
soeur de l'Empereur, de la Hofburg, à Schönbrunn, où ils descendirent à
l'Orangerie. Celle-ci fut décorée avec la plus magnifique élégance pour le
repas de midi. Placée sous les tables de l'Orangerie, la table du festin était
garnie et décorée le plus agréablement qu'il fût de fleurs et fruits d'ici et
d'autres pays. Pendant que Sa Majesté et les illustres hôtes prenaient leur
repas, l'harmonie de la chambre royale et impériale jouèrent sur le plateau de
théâtre qui avait été érigé à une extrémité de l'Orangerie une Comédie avec des
airs de musique spécialement composés pour cette fête et intitulée "Der
Schauspiel-Direktor". Ce spectacle fini, la compagnie de la Hofoper
présenta sur la scène italienne dressée à l'autre extrémité de l'Orangerie
l'opera buffa lui-aussi tout exprès composé pour cette circonstance sous le
titre : Prima la musica poi le parole. Pendant ces représentations, l'Orangerie
fut magnifiquement éclairé par de nombreuses lumières de lustres et de
flambeaux. Après neuf heures (du soir) toute la société, accompagnée de palefreniers
tenant les lanternes, retourna en ville.
L'œuvre italienne livrée par Salieri
est un mini opera buffa écrit très rapidement (d'où les nombreuses
allusions dans l'ouvrage !), et qui n'aurait dû avoir aucune postérité en
dehors des allusions précises au contexte de création et à l'actualité lyrique
du moment.
Les airs serie parodiés sont
donc des reprises des airs chantés par Marchesi lors de son passage viennois,
sauf la partie d'Eponina... Les allusions aux interprètes viennois de ce Giulio
Sabino, Catarina Cavalieri et Valentin Adamberger se renforçaient, puisque
ces deux chanteurs faisant partie de la troupe allemande concurrente de cette
même soirée. Prima la musica était donc clairement une satire de la
troupe du moment du Burgtheater et de son fonctionnement, ce que les
spectateurs connaisseurs de la vie lyrique viennoise ne pouvaient manquer de
relever.
Les piliers principaux de la troupe
étaient présents: Eleonora était Nancy
Storace ; Tonina, Celeste Coltellini
; le Poeta, Stefano Mandini, et le
Maestro, Francesco
Benucci. Le librettiste parodié était en fait Casti lui-même (qui
venait d'écrire pour Vienne La Grotta di
Trofonio ) même si Da Ponte crut s'y retrouver, méchamment brocardé. (Ceci
dit, on connaît la paranoïa du Vénitien.) Le compositeur est évidemment Salieri
lui-même.
En dehors des piques sur la rivalité
du genre buffa et du seria, on peut aussi retrouver d'autres
allusions :
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Le Comte Opizio, le commanditaire de
l'opéra qui doit être créée dans des conditions impossibles- était bien sûr
l'empereur Joseph II, qui laissa très peu de temps pour monter le double
spectacle. Le compositeur précise : "Mais avant-hier, le comte Opizio m'a parlé
d'une virtuose fameuse, en tout cas, c'est ce qu'il dit, et le crois (et ceci
aussi, je le crois, parce qu'il me l'a assuré lui-même) parce qu'il a un talent
musical exceptionnel". Evidemment, allusion aux sessions musicales privées
de Joseph II avec un petit groupe choisi de musicien, dont faisait partie
Salieri depuis des années, tout comme à l'implication extrême dont témoigne sa
correspondance dans le recrutement des chanteurs et leur estimation.
Le compositeur précise qu'il ne fera
le travail que pour 100 zecchini (monnaie vénitienne)... et Joseph II
dut le remarquer, car, malgré sa pingrerie légendaire, il lui donna 100 ducats,
somme importante pour un travail qui incorporait des extraits d'autres
compositeurs.
La pièce fourmillait aussi d'allusions à d'autres opéras de Salieri,
en dehors des insertions qu'il fit dans le Giulio Sabino :
-
Parmi les
livrets d'opéra rejetés par Tonina figure La donna letterata, opéra
écrit par Salieri ! (en fait, Le Donne letterate) et elle mentionne que
"Je ne le connais pas, mais rien qu'avec le titre, je comprends que c'est
casse-pied."
-
Le
personnage principal de la Secchia rapita, Gherarda, comtessa di Culagna
est esquissé dans le "Elle [Eleonora] pourrait être la comtesse de Culagna,
je m'en fiche complètement", de la part de sa rivale Tonina.
-
Pendant que
le poète arrange l'aria d'Eleonora, Salieri accompagne ses efforts par
une ligne de basse qui ressemble à l'introduction des Donne Letterate...
passage où l'on voit les personnages faire des efforts intellectuels assez
ridicules.
-
Quant à l'hilarant
air "français" de Tonina, il s'agissait bien évidement là d'une auto
parodie de Salieri de ses tragédies lyriques parisiennes.
Il faut noter que les deux
cantatrices rivales (sur la scène et dans la vie) Celeste Coltellini et Ann
Storace, ne chantèrent que deux fois ensemble : des rôles de jumelles dans La
Grotta di Trofonio et dans cette œuvre-ci. Joseph II et
l'administration du Burgtheater étaient sans doute courageux, mais non téméraires
!
Eau-forte de Johann
Hieronymus Loeschenkohl de 1786 montrant la décoration de l'orangerie de
Schönbrunn, où se tint le duel entre Prima la musica poi le parole et le
Directeur de Théâtre
Photographie © DR
(Source : Universität Wien)
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Quant au jugement de certains des
contemporains sur le succès des pièces, il est l'exact inverse de l'opinion
actuelle qui tend à préférer Mozart, comme le montre l'entrée du Journal du
comte Zinzendorf.
7. Fevrier: Arrivés a Schoenbrunn ce salon d'orangerie
qui fait un si beau [vase ? ], se trouva beaucoup mieux orné que l'année
passée. Ma voisine a gauche la Pesse de Ligne dit que ces beaux arbres, ces
fleurs, cette charmente musique de l'Empereur, qui nous jouoit les airs de
Trofonio rapelloient les mille et une nuit, les contes des fées…. On prit le
Caffé vers le placement du théatre Italien. On alla entendre une Comédie
Allemande intitulée. Der Schauspiel Director dans laquelle la Sacco et Lang
jouerent un morceau de Bianca Capello, la AdamBerger et Weidmann un morceau aus
der galanten béurin. La Cavalieri et la Lang chanterent. Le tout etoit fort
mediocre. Ensuite on passa a l'autre bout de la Sale, ou Benucci, Mandini, la
Storace et la Coltellini jouerent une petite piece Prima la musica e poi le
parole, dans laquelle la Storace imita parfaitement Marchesi en chantant des
airs de Giulio Sabino. Cela fini a 8 h 1/2 on quitta Schoenbrunn.
Comme le précise Zinzendorf, Joseph
II qui aimait la compétition musicale, avait déjà préparé une joute de cet
ordre : il avait en effet opposé dans les mêmes lieux Emilia Galotti de
Lessing et La Finta amante de Paisiello, d'où l'allusion de Zinzendorf
aux festivités passées.
Reprises viennoises de Giulio Sabino en 1789 et 1805
Ce ne fut pas la dernière apparition
de Giulio Sabino à Vienne, puisque Zinzendorf
note, en 1789, que :
7 Mars: Le soir al'opera. [...] Ensuite la ferraresi chanta le rondeau de
Giulio Sabino. Compatite i casi miei, compiangete il mio dolor. Acte II Scene
ix.
La Ferrarese del Bene avait chanté le rôle d'Epponina à
Londres, au King's Theater en 1786, dans une version de Cherubini.
Cet opéra fut également reprise en
1805. Sur l'édition de 1805 figurent des insertions de Weigl, Gyrowetz et
Salieri.
Le musicologue Giovanni Carli
Ballola a signalé une conséquence probable et fort intéressante des reprises
viennoises.
En 1785 avait été substitué au trio
n° 16 "Sfogati pur tiranno"
(Epponina, Tito et Sabino) de la fin de l'acte II, un autre trio de Sarti, tiré
de son Medonte re di Epiro (livret de Giovanni de Gamerra, créé à
Florence en 1777), qui compta comme Giulio Sabino comme l'un des plus
grands succès du compositeur. Ce trio offre les mêmes caractéristiques que
celui de Giulio Sabino : mêmes typologies vocales, même conflit des
affects, même notoriété, comme en témoignent les nombreuses copies qui ont
circulées.
Ce trio écrit pour un Medonte
(ténor), Arsace (soprano) et Selene (soprano) est le suivant. On substitue
alors un "amanti" original, pour un "sposi" plus adapté à
Sabino et Epponina.
Tito
: Tormate, empi, tremate
dell' ire
mie severe ;
su quelle fronti altere
il fulmine cadrà.
Sabino : Risarmia, o
Dio, quel sangue...
Epponina : Fa' ch'io sol
cada esangue...
Sab
et Epp. a due : Sfoga lo sdegno in me.
Tito
: Ambi svenati io voglio,
vittime am
mio rigore.
Sab Epp a due : D'un
innocente ardore
o barbara mercè !
Tito : Tolganzi agli
occhi miei
quegli arborriti sposi.
Sabino : A questo
affanno..
Epponina : Ai pianti...
Tito : Ho di macigno il
cor.
Epponina : Son queste,
amato bene,
le amabili catene
onde ne avvinse amor...
Sabino : Son questi,
idolo mio,
quei cari lacci, o Dio,
che ci serbava amor...
Tito : E' questa,
avversi Dei,
dunque la fè che in lei
facea sperarmi amor...
A 3 : Stelle tiranne,
omai
ho tollerato assai
la vostra crudeltà.
Ce texte est exactement celui que
mit Beethoven en musique vers 1801-1802. Ce trio fut complété en janvier
février 1814, pour le concert donné à la Redoutensaal le 27 février de cette
année-là ; dans le programme figurait également la 8ème symphonie et le Wellingtons
Sieg oder due Schlaght bei Vittoria.
"Tremate, empi, tremate" (op. 116) fut publié en 1826 à Vienne
par Steiner. Le texte de cet ensemble, dont l'autographe ne nous est pas
parvenu, a été autrefois attribué à un "Signor Betoni" ou à un auteur
inconnu. On peut maintenant supposer que Beethoven connaissait la version de
Sarti, d'autant plus que la mise en musique beethovenienne comporte des
similitudes structurelles troublantes avec celle du compositeur italien, selon
M. Carli Ballola. Qu'il ait assisté à l'une ou l'autre représentation de Giulio
Sabino est douteux, mais il est certain que ce fut ce pasticcio viennois dont il eut connaissance, puisque l'altération
textuelle est bien reportée.
Bibliographie :
ARCE, Angeles. Prima la musica, poi
le parole: 'Divertimento' metateatral de GB Casti dans Cuadernos de Filologia Italiana
(Vol. 9), 2002, pp. 79-99.
ARMBRUSTER,
Richard. "Salieri, Mozart, und die Wiener Fassung des Giulio Sabino von
Giuseppe Sarti: Opera seria und "Rondo-Mode" an der italienischen
Oper Josephs II." dans Studien zur Musikwissenschaft: Beihefte
der Denkmaler der Tonkunst in Osterreich (Vol. 45), 1996, pp.
133-166
CARLI
BAROLA, Giovanni. Lettura del
"Giulio Sabino" dans Giuseppe
Sarti, musicista faentino : atti del Convegnon internazionale, Faenza 25-27
novembre 1983 : a Cura du Mario Baroni e Maria Gioia Tavoni. Modena :
Mucchi, 1986.
FABBRI, Paolo. Giulio Sabino,
ovvero la clemenza del figlio di Tito dans Giulio Sabino,
enregistrement Bongiovanni, 1999
LINK,
Dorothea. The National Court Theatre in Mozart's Vienna : Sources and Documents,
1783-1792. Clarendon Press, 1998.
New Grove Dictionnary of Opera
RICE, John
A. Antonio Salieri and Viennese Opera. Chicago : The University of
Chicago Press, 1998.
WIESMANN,
Sigrid. Zur Dramaturgie von Giuseppe Sartis Giulio Sabino. dans Traditionen-Neuansatze:
Fur Anna Amalie Abert (1906-1996) (Hortschansky, Klaus (éd.). Tutzing,
Germany: Schneider ; 1997. (pp. 691-694)
Pour entendre Giulio Sabino :
Giuseppe Sarti : Giulio Sabino
Giulio Sabino : Sonia Prima
Epponina :
Elena Monti
Tito :
Giuseppe Filianotti
Arminio Alessandra Palomba
Voadice : Donatella Lombardi
Annio : Kremena Dilcheva
Accademia Bizantina
Ottavio DANTONE, direction
Richard Barker, clavecin
(Enregistrement effectué par la RAI
Radio 3, les 20 et 21 mars 1999 au Teatro Alighieri de Ravenne)
CD
Bongiovanni
D’après un dossier réalisé par Emmanuelle et Jérôme
Pesqué en août 2006.
Première publication sur ODB-opera.com
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