1780 - ‘Le Due contesse’ de Paisiello (1776)
Frontispice
du livret de la création
de
Le Due contesse.
Nancy
Storace interpréta cet ouvrage à Lucques, au T di S. Salvatore de’Dilettanti durant le Carnaval 1780. Elle ne le rechanta plus
par la suite.
La distribution était :
Nancy Storace : Contessina di Bel Colore
Tommaso Santini : Cavaliere della Piuma
Giuseppe Petri : Leandro
Francesca Campi : Livietta
Alfonso Senesi : Prospero
Peu
de temps auparavant, la jeune cantatrice avait changé d’emplois : de seconda donna seria (à Florence), elle
était passée à ces rôles de prima buffa
qui firent sa notoriété en Italie, et lui valurent d’être recrutée dans la
troupe d’opéra italien créée par l’empereur Joseph II à Vienne.
L’œuvre
Créé
à Rome le 3 janvier 1776, sur un livret de Giuseppe
Petrosellini, cet intermezzo eut
beaucoup de succès.
La
présence des femmes étant interdite à la scène dans les Etats pontificaux, les
rôles féminins furent interprétés par des castrats. Notons que dans la
distribution originelle, le rôle de Leandro fut créé par Francesco Bussani, futur Bartolo de Mozart dans Le Nozze di Figaro.
La
création sur la scène du Teatro Valle suscite également une amusante (à nos
yeux) protestation du librettiste :
Ainsi
que de nombreux opéras de Paisiello, l’ouvrage fut repris un peu partout en
Europe. Parmi les très nombreuses reprises et adaptations, notons celles
d’Esterháza (en 1779, sous la direction de Joseph Haydn), de Vienne, de Paris
(sous le nom de Les deux comtesses)
et de Dresde (Die zwei Komtessen, en
1778).
De
facture assez simple et typique de l’opera
buffa de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce sont les ensembles de fin
d’acte qui sont les plus développés : on trouve en effet peu de
développement psychologique chez les personnages, qui ne sont que des
archétypes.
Si
les péripéties sont des accumulations de topoï,
les embrouillaminis d’identité et les masques que revêtent les personnages sont
idéaux pour se moquer de l’opera seria.
Ainsi, le librettiste et le compositeur ne se
privent pas de parodier le « Che
farò senza Euridice » de l’Orfeo
de Gluck, créé deux ans auparavant. Sur un pizzicato imitant la lyre, c’est à
un presque décalque que nous convie la cavatine du chevalier della Piuma qui
déplore son veuvage avec « Ah, s’io
fossi come Orfeo ».
Autre
emprunt aux héros mythologiques, Livietta tente de s’élever socialement en
citant textuellement un des airs les plus connus de la Dido de Métastase, « Ah,
non lasciarmi, no », mais elle est incapable de saisir la noblesse
pathétique de l’original, et en travestit la grandeur dans une imitation
musicale qui tombe à plat et une description bien terre à terre : Didon
est donc qualifiée de « modestina »
et Enée de « furbarel ! Il
faut dire que le chevalier venait de lui faire un récit bien absurde des
malheurs de la reine de Carthage…
Comme
il est d’usage, on retrouve également le type seria avec le personnage de la (véritable) comtesse qui s’épanche
dans un grand air, « Ah, dov’è la
mia fierezza ». Ce type de caractérisation est d’usage dans l’opera buffa qui inclut souvent des
personnages nobles qui empruntent aux canons de l’opera seria.
Synopsis
A
Pise, chez la comtesse de Bel Colore.
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Cette
dernière est sur le départ pour sa villégiature campagnarde ; son
prétendant Leandro l’accompagne. Restés dans sa demeure, ses serviteurs
Livietta et Prospero se réjouissent d’avoir leurs aises, quand survient le
chevalier della Pluma qui souhaite voir la maîtresse de maison. Prospero ayant
oublié de lui faire part du départ de la comtesse, Livietta se fait passer pour
elle. Le chevalier commence à courtiser l’usurpatrice. Au milieu de ses
déclarations, la véritable comtesse et Leandro sont annoncés. Livietta fait
alors croire au chevalier qu’elle a permis à sa camériste de se faire passer
pour la comtesse, afin de faciliter ses noces avec un noble prétendant. La
raison du retour précipité de la comtesse chez elle est la jalousie éprouvée
par Leandro envers d’autres amis qu’elle avait accueillis dans sa villa, un peu
trop chaleureusement à son goût. Prospero parvient à convaincre la véritable
comtesse d’offrir son hospitalité au chevalier : ce sera un moyen de
susciter la jalousie de Leandro, et par là-même, de se débarrasser d’un
prétendant dont la jalousie l’ennuie. Leandro entend le chevalier se vanter de
posséder le cœur d’une « comtesse » (en fait, celui de Livietta), et en
est furieux. Le premier acte se conclut sur les accusations du chevalier à sa
dulcinée (qui n’y comprend rien) ; une première rencontre entre le
chevalier et la comtesse, ce qui contrarie Livietta et Leandro, postés en
observation ; la provocation en duel de Leandro envers son rival ; la
dérobade du chevalier qui parvient à éviter l’affrontement, grâce à l’arrivée
de tous les protagonistes, attirés par le tumulte, et les éclats de Leandro,
fou de jalousie.
Le
repas partagé permet une armistice momentanée, mais le chevalier s’est épris de
la comtesse, ce qui déplait à Livietta et Leandro, qui exige que les mariages
aient lieu. Une nouvelle méprise embrouille encore plus la situation, car
Leandro comprend que le chevalier va épouser la fausse comtesse… Il est bientôt
détrompé par Livietta. Toutefois, la comtesse a verrouillé sa maison, afin
d’empêcher le mariage de Livietta et du chevalier. Les deux comtesses
s’expliquent finalement, et le mariage de Leandro et Livietta, et celui de la
véritable comtesse et du chevalier peuvent avoir lieu.
Discographie
Il
n’en existe qu’un seul enregistrement, avec
Stefania
Donzelli (Contessina di Bel Colore); Daniele Zanfardino (Il Cavalier della
Piuma); Salvatore Cordella (Leandro); Anna Lucia Alessio (Livietta); Gabriele
Spina (Prospero); Ciro Cascina (La zia della Contessina)
Italian International Orchestra
Giuliano
Carella – direction musicale
Il
s’agit d’une captation des représentations du Festival de Martina Franca, faite
en juillet 2002. (Couplé avec Il Duello comico de Paisiello.)
CD BONGIOVANNI, 2003.
Bibliographie
FORENSIO, Dino, Notice
du CD Bongiovanni, 2003.
HUNTER, Mary, « Some Representations of Opera Seria in Opera Buffa » dans Cambridge Opera Journal, Vol. 3, n° 2
(Jul. 1991), p. 89-108.
SARTORI, Claudio, I
Libretti italiani a stampa dalle origini al 1800. Cuneo, 1990-1994.
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