1816 – Lettre autographe de Nancy Storace : vacances, potins théâtraux et réception
Le comédien et contreténor John Pritt Haley (1786-1858) fut un ami
des mauvais jours pour la cantatrice Nancy
Storace. En
effet, il ne semble faire son apparition dans sa vie que dans ses dernières
années, alors qu’elle s’était déjà séparée du ténor John
Braham, suite à
l’infidélité publique de ce dernier, et du scandale qui s’ensuivit.
Quelques rares lettres demeurent,
attestant de leurs relations. Nancy Storace semble lui avoir témoigné d’une
grande confiance, n’hésitant pas à lui donner rendez-vous pour parler
d’affaires (apparemment) délicates.
Datée d’août 1816, cette lettre conservée à la Bibliothèquenationale de France n’est pas si dramatique dans son ton. Nancy Storace lui
demande son avis sur l’hébergement possible à Worthing, revient sur certaines
affaires théâtrales, s’entremet pour son ami auprès de la direction du théâtre
de Drury Lane, et revient sur l’une de ses réceptions…
Première
page et signature (3ème page) d’une lettre
conservée
au département Musique de la Bibliothèque nationale de France,
cote :
LA- STORACE ANNA CELINA-1
« Lettre de Anna Celina Storace à Monsieur J.
P. Harley, 18 août 1816
(manuscrit autographe) »
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John Pritt Harley, l'ami des mauvais jours
Fils d’un marchand drapier, John Pritt Harley est baptisé le 5 mars 1786 à Londres. A quinze ans, comme il est d’usage, il devient l’apprenti d’un autre marchand. Durant son apprentissage, il se lie avec William Oxberry (qui deviendra plus tard un acteur connu, et éditera un magazine spécialisé dans les arts de la scène) ; les deux jeunes gens apparaissent ensemble dans des productions d’amateurs en 1802.
Harley est ensuite engagé comme
gratte-papier dans un cabinet juridique. A partir de 1806, il apparait dans
diverses productions théâtrales en province, et finit par se former
complètement dans sa nouvelle profession. Son talent pour le chant comique lui
attire les faveurs du public, qui le surnomme « Gros Jacques » (Fat Jack), à cause de son extrême
maigreur. Entre 1812 et 1814, il est surtout engagé dans le nord de l’Angleterre,
et ne se rend à Londres qu’en 1815, engagé à l’Opéra (anglais). L’accueil du
public est positif et sa réputation d’acteur et de chanteur ne fait que
croître. Sa musicalité et sa formation musicale lui permettent d’orner ses
airs, ce qui est très apprécié.
En septembre 1815, il fait ses
premières apparitions à Drury Lane. Le vieux John
Bannister ayant
pris sa retraite, John Pritt Harley lui succède dans ses emplois, reprenant ses
vieux rôles, mais également ceux qui lui auraient été destinés. Les deux hommes
seront d’ailleurs très liés.
Malgré quelques incursions en province
et au Lyceum, Harley consacre la majeure partie de son agenda au théâtre de Drury
Lane. En 1835, il rejoint un temps la troupe assemblée par John
Braham au St
James’s Theatre (entreprise qui le lui fût guère profitable…), avant de repartir
à Drury Lane., puis à Covent Garden en 1838. Entre 1841 et 1848, il est de
nouveau à Drury Lane, avant de passer définitivement au Princess's Theatre en
1850.
C’est en pleine représentation qu’il
est atteint d’une paralysie subite, le 20 août 1858. Il meurt chez lui deux
jours après, et est enterré au Kensal Green cemetery.
Excentrique, il avait été un grand
collectionneur ; il ne laisse que des dettes derrière lui.
Ses contemporains estimaient que sa
puissance comique égalait celle de Bannister Junior, ce qui n’était pas un mince
compliment.
Sources :
G. C. Boase, ‘Harley, John Pritt (1786-1858)’, rev. Katharine Cockin, dans Oxford Dictionary of National Biography,
Oxford University Press, 2004 (version en ligne)
Oxberry's
Dramatic Biography.
The
European Magazine and London Review,
mars 1821.
Cette lettre de Nancy Storace est évoquée pages 318 et 319,
et la troisième page est reproduite
page 389
dans la biographie de Nancy Storace,
par Emmanuelle Pesqué
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