1786 - Première des Nozze di Figaro : "l'opera m'ennuya"

"Le Nozze di Figaro" affiche de 1786 (Wikipedia)

Johann Karl Christian Heinrich von Zinzendorf und Pottendorf (1739-1813), commença d’écrire quotidiennement son journal depuis l’âge de huit ans, et le tint jusqu’à sa mort. On conserve ainsi un riche ensemble d’avis et notations diverses sur la vie politique et sociale de Vienne, ainsi que sur ses diverses activités sociales… Soirées au théâtre et à l’opéra, tant dans les théâtres publics que privés, concerts dans les salons de l’aristocratie et théâtre amateur, ces divertissements aristocratiques auquel il était convié sont bien représentés dans son journal et offrent un panorama parfois détaillé de ses activités mondaines.

Ce spectateur assidu était présent le 1er mai 1786, à la première d’un opéra qui eut une certaine postérité : Le Nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) de Mozart (il écrit d’ailleurs « Mozhardt »).

En ce cas précis, ses annotations sont demeurées célèbres, par sa formule lapidaire « l’opera m’ennuya ».



Le Nozze di Figaro Zinzendorf
Journal de Zinzendorf, entrée du 1er mai 1786 (détail)
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Photographie © A-M. S.
(Mille merci...)


Une opinion singulière est-elle représentative d’un goût général ? Oui, si l’on prend en compte la personnalité du diariste, qui « se fie au jugement des autres en matière musicale, et qui fonctionne ainsi comme le représentant idéal de sa classe sociale », ainsi que l’explique la musicologue Dorothea Link, à laquelle on doit la publication de très larges extraits du journal tenu entre 1783 et 1792. 

Séduit par la Storace, il la mentionne souvent, et en des termes très élogieux : mais la séduction de la jeune femme est tout aussi abordée que son talent musical et scénique...

 

Karl von Zinzendorf (Wikipedia)

Zinzendorf était un amateur éclairé de théâtre (et d’actrices ou chanteuses…), mais moins expert en matière de musique. Il n’en demeure pas moins que son jugement, transmis dans les quelques cinquante-et-un volumes de son Journal (entre 1752 et 1813), écrit en français, langue de l’élite cultivée de l’époque, peut être pris en défaut par des considérations extra-musicales… Ce grand commis d’État (il fut président en 1781 de la HofRechnungskammer, puis Conseiller d’État en 1792), est donc proche des cercles du pouvoir et de ses diverses expressions : l’opéra et le théâtre font partie pour les souverains éclairés de la propagande étatique.

« Louise », Louise von Diede, Baronne Fürstenstein, était la cousine de Zinzendorf. Lors de son séjour à Vienne en compagnie de son mari, un diplomate danois, Zinzendorf en tomba amoureux. Assis auprès d’elle, il est donc plus préoccupé par son prochain départ de Vienne que par l’opéra auquel il assiste… 

Les entrées pertinentes du Journal de Zinzendof (Tageböcher des Grafen Karl Zinzendorf) sur la vie lyrique et théâtrale viennoise entre 1783 et 1792, ont été transcrites et éditées par Dorothea LINK dans The National Court Theatre in Mozart’s Vienna. Sources and Documents, 1783-1792. Oxford, 1998.

 

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